samedi, avril 13, 2024
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Découvrir la France des fleurs

À l’ouest, le pays des horticulteurs.

Parcourez le Maine-et-Loire, entre champs de fleurs, parcs urbains et roses à foison. Si le Maine-et-Loire se place sur le podium des départements horticoles, il le doit en bonne partie à la légendaire clémence de son climat. Pépiniéristes, maraîchers et horticulteurs spécialisés dans les semences, les plantes à bulbes ou les fleurs coupées occupent notamment la vallée de l’Authion. au point que l’on surnomme cette région, sur la rive droite de la Loire, « la petite Hollande ». Sous serres ou en plein air, les champs dont les couleurs s’intensifient au fil du printemps, s’admirent d’autant mieux à vélo, du côté de Mazé, Saint-Mathurin-sur-Loire ou de l’opportunément nommée Les Rosiers-sur-Loire.

Au-delà du confluent de l’Authion et du fleuve, à deux pas d’Angers, Saintes-Gemmes-sur-Loire propose aussi des randonnées à pied parmi les hortensias et les chrysanthèmes alignés en pots par milliers. Au retour, poussez la porte des jardins du presbytère où se succèdent cinq terrasses fleuries donnant sur la Loire et l’île aux Chevaux. Avec 300 000 plantes produites annuellement dans les serres municipale, Angers est un modèle de fleurissement. des grands bacs égayant les façades de tuffeau aux jardinières des ponts de la Maine, les yeux sont sollicités de toute part.

Sans parler des parterres du jardin du Mail ou des anciennes douves du château, de l’arboretum…et bien sûr de Terra Botanica. Ce parc original, ludique et pédagogique fait, sur 11 hectares, voyager toute la famille dans le monde végétal. Faute d’aller au Maroc, 40 kilomètres suffisent pour s’immerger parmi les roses, à Doué-la-Fontaine. Préparez-vous à un choc olfactif dans la distillerie spécialisée dans l’eau de rose, puis parmi les Chemins de la rose, parc de 13 000 rosiers issus de 1 200 variétés.

À l’est, un corso en pétales d’or.

Gérardmer, la célèbre station vosgienne, fête l’arrivée du printemps à coups de jonquilles. C’est en 1935 que la manifestation a été créée à l’initiative de l’Amicale motocycliste afin de stimuler le commerce local. Pari réussi : 60 000 visiteurs viennent chaque année admire le corso fleuri de trente chars habillés de jonquilles, ou narcisses sauvages, piquées la veille au soir par des bénévoles.

Le plus beau char étant de surcroît orné de la reine des jonquilles et de ses dauphines. Spectacle d’autant plus éclatant qu’il a pour écrin la vallée dont les prairies se couvrent à cette période de narcisses sauvages…

Au sud-ouest, la belle moisson de Dom Robert.

Il était une fois un moine artiste à la forte personnalité, épris de nature et en particulier de la flore de la Montagne Noire tarnaise au pied de laquelle se trouvait son abbaye bénédictine d’En Calcat. Il peignit avec ardeur et des couleurs éclatantes ce qu’il y voyait de plus simple : genêts, ombelles et coquelicots, sema de coqs et des papillons; Il rencontra en 1941 Jean Lurçat qui lui fit convertir son œuvre en tapisseries, tissées dans les ateliers d’Aubusson.

Grâce à la générosité des moines d’En Calcat, l’œuvre de Dom Robert, irrésistible de fraîcheur et de finesse, comme les millefleurs médiévaux, vient de trouver un écrin qui mérite de drainer de nombreux visiteurs : c’est l’ex-abbaye-école de Sorèze, née de la volonté de Louis XIV de créer des écoles royales militaires d’excellence. En parallèle à l’œuvre de dom Robert, magnifiquement mise en scène dans un cadre refaçonné par une équipe italienne spécialiste du culturel, on visite une série de salles évoquant de façon vivant l’histoire de cette maison d’éducation. C’est passionnant, et à la hauteur de la noblesse austère du sud tarnais.

Au centre, iris et hellébores.

Le domaine de Poulaines, dans l’Indre, revit grâce à la passion de sa propriétaire. Trop connus, les jardins perdent de leur charme. Il est encore temps de découvrir l’intimiste domaine de Poulaines, entre les châteaux de Valençay et de Bouges. Autour du manoir du XVe siècle, la propriétaire reconstitue les 4.5 hectares de jardins tels qu’avant la Révolution.

Elle trace avec amour des parterres, fait tailler des buis en nuages, ouvre des cheminements inattendus sous le couvert des chênes et platanes. On longe un ruisseau bordé d’iris, des arceaux ploient sous les lilas, on se pose pour rêver sur un banc ou dans une chaise longue.

Au sud, une ville toujours au parfum.

Grasse, dans les Alpes-Maritime, se renouvelle tout en restant la référence pour les parfumeurs. Dans un grand vent de fleurs…ce titre va comme un gant au pays de Grasse…Grâce à la corporation des gantiers-parfumeurs, la belle cité est passée d’une activité médiévale de tannerie à la parfumerie., dont elle reste la capitale.

Et cela, même si, à ses portes, les usines d’arômes alimentaires ont fait reculer les champs de fleurs. Ce sont ces derniers qui, longtemps, ont fourni les essences des créations des trois grands parfumeurs locaux (Fragonard, Molinard et Galimard), sans parler des « jus » élaborés par des « nez » surdoués pour le compte des Chanel, Dior et consorts, et habillés de précieux flacons.

Aujourd’hui, on assiste à un retour en force de la tradition, impulsé par de jeunes exploitants motivés qui se consacrent à la culture des fleurs d’exception. En particulier, les trois principales : le jasmin, la rose et la tubéreuse. Ces exploitations, comme le domaine de Manon, se visitent. Pas question de manquer le très remarquable musée international de la Parfumerie et ses jardins : en avril, ils embaument la fleur d’oranger, et précisément le bigaradier.

La Rosa centifolia suivra en mai. En 2013, on a créé à Grasse la rose Baptistine aux 108 pétales et au parfum intense… Dans les ateliers, il vous est possible de tester vos capacités olfactives et même de composer votre propre parfum, mais ne rêvons pas, c’est un métier et qui nécessite un sacré talent. Non loin, à Tourrettes-sur-Loup, c’est la violette qui est l’emblème de la ville… Et vous pourrez la déguster sous forme de confiserie, transformée par la maison Florian au Pont du Loup.