jeudi, avril 25, 2024
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Une France au parfum d’ailleurs

Au Sud – Les bulbes orthodoxes de Nice

Si les Russes fréquentent assidûment la baie des Anges et ses palaces, leur amour pour la Côte d’Azur ne date pas d’hier. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, la famille impériale vient en villégiature profiter de la douceur du climat en hiver. L’importance de la communauté justifie la construction d’une église orthodoxe inaugurée dès 1859. D’apparence modeste, elle se dresse encore au 6, rue de Longchamp.

Mais elle ne suffit bientôt plus aux aristocrates, avides de faste et de visibilité. Construite de 1903 à 1912, la cathédrale Saint-Nicholas, est considérée comme le plus beau et le plus grand monument orthodoxe hors du pays. Rénovée et rouverte depuis janvier 2016, elle lance ses bulbes étincelants dans un ciel sans nuage.

À l’intérieur, les fresques rivalisent avec les icônes de style byzantin tandis que l’encens se répand à grosses volutes lors des offices religieux. Si la cathédrale reste le symbole de la communauté, on en trouve d’autres traces dans le quartier. Ce sont des palais, comme le château de Valrose, ou le musée des Beaux-Arts Jules-Chéret qui fut bâti pour un conseiller du tsar. Autre lieu emblématique, l’hôtel impérial devenue lycée du Parc-Impérial. Dans les années 1960. il a perdu toits et clocheton. 3000 défunts, souvent immigrés après la révolution de 1917, reposent au cimetière de Caucade, dit « russe ».

Pour plus de gaîté, rendez-vous à Cimiez, au musée Chagall. L’œuvre du peintre, né en Biélorussie, vibre de couleurs et de références au folklore slave. La découverte se poursuit hors de Nice puisque de petites communautés essaimèrent aussi à Cannes et Menton, y plantant de pimpantes églises.

Quant à la rade de Villefranche-sur-Mer, un siècle avant Cocteau, elle fut un important point d’ancrage de la flotte russe. Joli coup puisque de retour au pays, les marins popularisèrent le littoral azuréen comme l’un des plus enchanteurs.

Au Sud – Safari animalier dans l’Aude

Ici, il ne faut pas se méfier des chevreuils ni des sangliers qui traversent la route mais plutôt des zèbres et des buffles. Ces derniers sont même capables de charger l’imprudent qui leur refuserait la priorité. Il suffirait d’avoir le Kilimandjaro en toile de fond pour se croire en safari dans la brousse africaine.

À Sigean, la moitié du parc se parcourt en voiture : l’idéal pour observer de près la nonchalance du lion, crinière au vent, ou les joutes des lionceaux. D’ailleurs, quand une autruche penche la tête vers le pare-brise, on se demande qui d’elle ou de nous vit en captivité…

Ce sont 3800 animaux issus de 160 espèces différentes qui s’ébattent en bordure du littoral languedocien. Ils se mêlent aux espèces locales, des lapins aux flamants roses, dans des enclos assez vastes pour garder des comportements sauvages. Si 60 % des animaux sont africains, le parc s’ouvre au reste du monde avec des ours du Tibet, des wallabys ou des alligators.

Au Nord-Ouest – Des embruns à l’irlandaise

Affronter averses et rafales sur la pointe de La Hague, dans le Cotentin , en décembre, une drôle d’idée ? C’est surtout l’assurance d’être transporté illico en Irlande, vers l’anneau du Kerry et les péninsules du sud-ouest.

L’illusion se nourrit des paysages de landes et de prairies coupés de murets de pierre, des falaises et des émiettements rocheux battus par les flots, des petits ports et des maisons blotties les unes contre les autres. Emmitouflé, arpentez les sentiers vers le nez de Jobourg, la baie d’Écalgrain et les dunes de Biville. Puis détendez-vous au coin du feu et succombez à un earl grey fumant.

Au Nord – Pagodes en capitale

Lorsqu’on occupe l’Indochine (Vietnam, Cambodge et Laos) pendant presque un siècle, on en garde forcément des traces… Les plus belles et les plus précieuses de ces traces se trouvent au musée national Guimet, consacré aux arts asiatiques. Le rez-de-chaussée impressionne par les frises et la statuaire de dieux et de rois d’Angkor. Dans les étages, les collections très didactiques explorent le continent, de l’Afghanistan à la Corée.

Plus confidentiel, le musée municipal Cernuschi valorise aussi l’Asie avec des expositions souvent consacrées à des artistes contemporains. L’hôtel particulier qui l’abrite donne sur le très chic parc Monceau, naguère environné d’antiquaires et de galeries.

Au 48, rue de Courcelles, un audacieux marchand d’art a transformé en 1926 un immeuble haussmannien en une haute pagode chinoise rouge. L’autre fameuse pagode de la capitale, d’inspiration japonaise et plus délabrée, se trouve au 57 bis, rue de Babylone, vers les ministères et les ambassades. Elle a abrité un cinéma jusqu’à fin 2015, son avenir restant incertain.

Du passé et des expositions coloniales de la France subsistent également les monuments du jardin d’agronomie tropicale, tout près du bois de Vincennes. Méconnus, ils sont cependant un beau support à la rêverie lointaine, entre pagodon, porte chinoise, stèles commémoratives, ponts khmer ou tonkinois. Plus en vue, le complexe hôtelier Huatian Chinagora dresse ses toits incurvés et vernissés à Alfortville, au confluent de la Seine et de la Marne.

Mais si l’on veut trouver une concentration de commerces et de restaurants plus importante, c’est vers les deux quartiers chinois de Belleville (20 arrondissement) et des avenues de Choisy et d’Ivry (13e) qu’il faut se tourner. Outre ses lieux de cultes, son grand magasin d’alimentation Tang Frères et ses enseignes couvertes d’idéogrammes, ce dernier est fameux pour son défilé du Nouvel an chinois. En 2017, c’est autour du 28 janvier que s’élanceront à nouveau les dragons pour amener une prospérité bienvenue sur la capitale et ses habitants.

Au Nord-Ouest – Les rennes s’invitent en Alsace

Dès que la neige recouvre les forêts et les prairies du massif du Tanet, à 1 096 mètres d’altitude, l’illusion lapone est totale. Un renne peu farouche s’approche tandis que rebondissent les arrière-trains des moins téméraires. Tout a commencé en 2005 avec Blixen, Vixen et Comète, bientôt rejoints par quelques femelles venues de Finlande. Aujourd’hui, selon la saison, le troupeau compte entre 30 et 40 individus, qui évoluent au long d’un parcours forestier de 800 mètres. Le moment le plus attendu des enfants survient à 16 heures, avec le nourrissage à base de lichen. En chemin, peut-être verront-ils le père Noël dans sa maison avant de découvrir l’artisanat et le folklore du peuple Sami, éleveur de rennes.

De cette petite station de ski si finlandaise à une ambiance plus germanique, il n’y a qu’un pas ou plutôt 20 à 30 kilomètres. Le blanc devient flamboiement de couleurs avec les célèbres villages alsaciens de la route des Vins et leurs marchés de Noël. Dès le 25 novembre, Eguisheim en sera la quintessence avec sa trentaine d’artisans, sa fontaine et ses pans de bois illuminés, ses voluptueux effluves de vin chaud et de pain d’épices.